lundi 23 mars 2009

Le blogue selon Catherine

Allez au Renaud-Bray et vous verrez son livre au centre des nouvelles publications québécoises, avec la mention: Prix Ville de Montréal. Depuis sa dernière publication, Le Ciel de Bay City, Catherine Mavrikakis accumule les prix et les critiques favorables. Pourtant, cette grande littéraire ne consulte pas ces critiques, favorables ou pas, n'ayant en tête que cela n'apporte rien à son processus continu de création. 

Mme Mavrikakis a présenté, suite à l'invitation de Michel Pierssens, le 23 mars dernier, son blogue littéraire. Selon elle, le mot littéraire est plus ou moins approprié vu la vocation synthétique et expérimentale de son blogue. Mavrikakis, étant une lectrice assidue de blogues, considère que ceux-ci sont empreints de la pulsation contemporaine, étant porteurs d'une parole éphémère. Elle apporte ainsi une nouvelle hypothèse à l'entreprise du blogue. Celui-ci, pour plusieurs, a pour but de laisser une trace, une marque, qui tient un peu du funéraire. À ce sujet, elle cite comme exemple de nombreuses entreprises posthumes du site Facebook, qui crée des pages pour les membres défunts - on peu écrire sur ce "mur", un peu à la manière ou l'on écrivait sur des pierres tombales inexistantes lors de la Shoa. Cette façon de seller le quotidien, ou de gérer la mort (qui n'est cependant pas un deuil) apporte une dimension emblématique à cette écriture du Web. Il devient comme un journal commémoratif. L'auteur n'écrit pas pour soi, mais au "je" pour un public. S'établit alors une relation entre l'individuel et le collectif.

Mavrikakis commente son entreprise comme étant un "faux-blogue". En effet, aucun commentaire ne peut être laissé suite aux messages hebdomadaires de l'auteur. N'ayant aucune intention de dialogue avec son public, elle préconise sa liberté d'intervention, de création. Elle dit: "J'écris, et c'est à prendre ou à laisser." Pourtant, je crois que cette façon de s'inspirer de son quotidien, de synthétiser sa semaine, sans attendre une réponse ou un commentaire, fais du blogue de Mavrikakis un des blogues les plus authentiques et intéressants de la sphère du Web. À la manière de Régine Robin, elle écrit sur le temps présent, sur ce qui passe, crée un journal du présent pour laisser une trace. La communauté Internet lui permet de produire un écrit quotidien qui semble faire plus de sens: "Cela donne une forme à mon présent." 

Cela nous rappelle un des principaux enjeux du blogue; la publication immédiate. Le blogue est un lieu d'inscription du temps. Il s'agit d'un contenant - ayant forme et, bien semblablement contenu - qui permet de préserver de façon linéaire (ou pas) ses états d'âme, ses pensées ou philosophies en un lieu et un moment donné. Le blogue est une espèce de récipient sans fin prêt à se renouveler et à s'adapter aux humeurs de son auteur. Il est à la fois archives et morcellement d'idées disparates. Il ne meurt jamais et renaît continuellement. 

De là l'idée de Mavrikakis selon laquelle il permet de lire l'anachronisme dans le contemporain. Le Web est un lieu qui préserve une vieille façon de penser; ce qui ressemble à une nouvelle technologie n'est finalement qu'un ramassis d'idées et de processus littéraires qui datent de plusieurs années, et dans certains cas de plusieurs siècles. 

Il m'est difficile de poser une critique objective du blogue de Catherine Mavrikakis, pour la simple raison qu'elle a été pour moi l'enseignante du Bac qui m'aura le plus donner goût à la littérature, à l'apprentissage de cette discipline qui parfois semble désuète dans le monde social d'aujourd'hui. Catherine est pour moi une inspiration. De ce qu'elle offre je prends tout, et ne laisse rien. 




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